Historique

 

 

Le musée du verre et des activités anciennes de la forêt

 

Niché au coeur de la forêt de la Vôge, sur la route thermale entre Vittel et Bains les Bains, le Musée d'Hennezel-Clairey évoque 5 siècles d'activités anciennes étroitement liées au milieu.
Verriers, aciérons et taillandiers, sabotiers, charbonniers, scieurs de long, brodeuses... tous ces métiers ancestraux sont évoqués à travers de nombreux documents, outils, objets, maquettes ou mises en scène.

 

Les verreries de Planchotte et Clairey

La plupart des verreries de Grand-Verre et de Menu-Verre, acensées en forêt de Vôge au cours des XVe et XVIe siècles, se sont éteintes avec la guerre de Trente Ans. Cependant, certaines verreries remises en activité et fabriquant des bouteilles ont survécu à la période révolutionnaire. C'est aussi le cas des gobeleteries de Planchotte et de Clairefontaine créées respectivement en 1722 et 1730. Contrairement à la verrerie de Clairefontaine où les familles fondatrices Schmid et Grezely sont restées à la tête de l'usine jusqu'en 1846, les créateurs de Planchotte Du Bois, Sauvaget et Paucheron ont cédé très tôt leurs parts à des non-verriers, hommes de lois, marchands...
Ainsi Orcet, Vallory, Créssonnier du Terreau, Cothereau, Laurençot et Chevilley vont se succéder. Entré en possession du tiers de la verrerie en 1807, Claude Rousseaux, juge de paix à Monthureux sur Saône, devient propriétaire de l'ensemble en 1821.

 

En 1834, les verriers de Planchotte sont au nombre de 40. Ils produisent journellement de 2 000 à 2 500 pièces de gobeleterie en verre blan. Les fours consomment alors 8 000 stères de bois par an. Au décès de Claude Rousseaux, c'est le fils aîné Joseph qui reprend l'usine sous la raison sociale "Rousseaux Aîné" Dans un souci de modernisation, il décide d'utiliser la force hydraulique pour actionner les tours. Il aménage donc en 1835 une taillerie, avec chute sur l'Ourche, petit cours d'eau à proximité du hameau de Clairey. Sous son impulsion, la verrerie prospère et le nombre d'employés s'étoffe : 120 en 1842. Les installations de Clairey prennent alors de l'ampleur et une deuxième annexe voit le jour en 1855. C'est de cette période que date l'appellation "Verreries de Planchotte et Clairey". Celles-ci produisent du "cristal sans plomb" et sont spécialisées dans les articles taillés pour limonadiers. Pourtant, considérant que l'emplacement  de Planchotte est peu commode et peu favorable à une extension, le maître de la verrerie prend alors l'initiative de transférer la totalité des installations entre les 2 sites déjà aménagés sur l'Ourche. Les travaux commencent en 1860 et la nouvelle halle de Clairey est opérationnelle le 8 septembre 1863. Avec un four à 8 plots, il y a 12 ouvriers à chaque place, y compris les enfants, ils produisent 4 à 5 000 pièces par jour et travaillent de 2 h du matin à 12 h 30. Le dimanche, le travail est interrompu entre 8 h et 9 h.


L'absence d'archives ne permet pas de savoir si la totalité des 109 ouvrières et des 138 ouvriers a fait le déplacement. Citons toutefois avec certitude les familles Beaudoin, Brégy, Brûlé, Blettery, Clément, Crine, Gentil, Grezely, Houel, Joly, Logerot, Pelletier, Schuster, Thouvenin, Villemin, Viriot... Dans ce contexte de mutation, le jeune François Théodore Legras fait ses premiers pas dans l'art du verre ; si l'on s'en tient à la tradition orale, il aurait taillé le verre. Coïncidence ou pas, en 1863 il quitte les Vosges pour la région parisienne où bientôt, il deviendra l'un des célèbres maîtres verriers de l'Art Nouveau.


De "Rousseaux Ainé" jusqu'en 1869, les raisons sociales des verreries de Planchotte et Claireyseront successivement :
    - Aubriot - Rousseaux et Cie de 1869 à 1874
    - Aubriot - Rousseaux - Mathieu et Cie :  de 1874 à 1877
    - Aubriot - Rousseaux - Cuchelet et Cie : de 1877 à 1881

La verrerie de Clairey de 1881 à 1887 est alors associée à Celle de Bayel dans l'Aude ; Planchotte n'est plus mentionnée. La société H. Cuchelet et Cie (1887 - 1892) laisse la place à la Société Anonyme des Verreries de Clairey avec pour président M Paul Rodier et directeur Mr Emile Mathieu (1893 - 1898) enfin Mr Joseph Didot. Dès lors l'histoire de la verrerie se confond avec celle de deux générations de cette famille.  La verrerie de Clairey ferme ses portes le 28 juin 1952 et jusqu'au 30 mars 1953, une société de gérance industrielle et commerciale poursuit les activités de taille et de décor pour épuiser les réserves. Ainsi disparaissent plus de 5 siècles d'art verrier maintes fois couronné lors d'expositions universelles à Paris (1855 - 1867 - 1878 - 1889). Ne disait-on pas alors que "les verreries... exclusivement blanches... pouvaient concurrencer le cristal..." ?
N'est-ce pas là, le plus bel hommage rendu à nos ancêtres verriers, qui, par leur savoir-faire ont contribué à la prospérité et à la réputation de notre forêt de Vôge ?

 

texte de Bernard Delemontey, conservateur du musée d'Hennezel (Association Saône Lorraine)

 

 

 

 

 

 

 

 


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